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قناة فرنسية: أولاند في مصر من يربح.. المصالح أم القيم؟ Hollande en Egypte: Les intérêts ou les valeurs?

En Egypte, mieux vaut ne pas s’exprimer en faveur des libertés. Le régime de fer du maréchal al-Sissi se montre intraitable avec les ONG et les activistes. Le président Hollande doit prochainement visiter ce pays, où de nouveaux contrats d’armement pourraient être signés. Aura-t-il une pensée pour la société civile?

Ce week-end, le président François Hollande doit faire une tournée au Liban, en Egypte et en Jordanie. Au Caire, on espère déjà faire progresser, voir signer, de nouveaux gros contrats militaires. La presse économique évoque des satellites de télécommunications (600 millions d’euros), quatre navires de guerre (500 à 600 millions d’euros) et de l’armement naval (300 à 400 millions d’euros). A plus long terme, l’Egypte pourrait même envisager d’acheter des drones, une nouvelle frégate multi-mission (Fremm) et deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral… Des navires de premier plan.

Les relations commerciales entre la France et l’Egypte se portent donc pour le mieux, en matière d’armement. Le Caire avait déjà signé des contrats pour une première Fremm, 24 avions de combat Rafale (dont six ont déjà été livrés) et les deux BPC que Paris avait finalement refusé de livrer à la Russie. Tout laisse penser que les commandes pourraient continuer de tomber.

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Mais si on répète régulièrement combien l’amitié avec l’Egypte pourrait rapporter à la France, il est plus difficile de dire combien elle pourrait lui coûter. Ce mercredi 13 avril, plusieurs ONG (HRW, Amnesty, FIDH, Euromed Droits) se sont mobilisées pour réclamer à François Hollande de profiter de cette relation privilégiée avec le maréchal al-Sissi, le président égyptien, pour le convaincre de réduire les violences exercées contre la société civile. « Depuis 1953, l’Egypte a été dirigée par un régime militaire sauf pendant les deux ans de Mohamed Morsi, rappelle Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ce n’est donc pas nouveau. Mais le bilan du régime actuel est le pire jamais vu. »

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Une société civile menacée

Mardi 12 avril, Jacques Audibert, le conseiller diplomatie de François Hollande, a reçu les représentants des différentes ONG parisiennes mobilisées. L’objectif de ces dernières est de convaincre l’Elysée de la gravité de la situation. Avec elles, des représentants de deux ONG égyptiennes qui préfèrent rester discrets, inquiets pour leur sécurité, ont participé à la rencontre. L’un d’eux raconte à iTELE comment il a dû fuir son pays pour rallier la France :

“Ca a toujours été difficile de militer pour les droits de l’homme en Egypte. Je le fais depuis 30 ans. Mais ce qui se passe depuis deux ans, je n’avais jamais vu ça. J’ai reçu un avertissement par quelqu’un de très proche du gouvernement, qui m’a dit que m’a vie était menacée. Après en avoir discuté avec des collègues, avec des diplomates étrangers et avec des gens de l’ONU, qui ont estimé que c’était sérieux, j’ai décidé de quitter le pays.”

Aujourd’hui, cet activiste poursuit son travail en France. Il milite pour que des associations puissent librement défendre les droits de l’homme dans le monde arabe. Selon les différents ONG présentes, dans les semaines qui viennent, ce sont 380 personnes qui sont directement menacées de 25 ans de prison à la perpétuité pour leur combat pour les libertés. Au moins 40.000 personnes seraient détenues pour des raisons politiques. Depuis mars 2015, entre 90 et 100 personnes disparaitraient chaque mois. Certains de ces enlèvements ou de ces arrestations arbitraires aboutissent à la mort de personnes dans des conditions qui restent non élucidées, y compris pour des étrangers comme le Français Eric Lang ou l’Italien Giulio Regeni. Chaque fois, la justice égyptienne semble ne pas faire le nécessaire pour identifier les responsables de ces morts.

Depuis juillet 2011, une loi justifie la poursuite des employés travaillant pour des ONG internationales. Les arrestations et les pressions n’ont cessé de se multiplier, tandis que certains voyaient leurs avoirs gelés. Les figures de la défense des libertés les plus influentes se sont vu interdire de quitter le territoire égyptien. Pour Michel Tubiana, président d’Euromed Droits, le constat est sans appel :

“C’est la mise à mort des ONG qui sont accusées au prétexte de financement étranger. Les tribunaux n’ont plus la moindre indépendance. La situation de la société civile fait que soit les militants sont arrêtés, soit ils vivent en exil. Nous sommes conscients de l’intérêt stratégique commercial des relations avec l’Egypte. Mais nous sommes inquiets : le pouvoir ne tient pas ses propres services de sécurité.”

Dictature militaire

Pour justifier un régime particulièrement dur, le maréchal al-Sissi prétexte la lutte contre le terrorisme. Chacun se retrouve soupçonné soit de collaborer avec les terroristes, terme regroupant toute forme d’opposition islamiste, même modérée ; soit d’être un espion étranger, soupçon permettant d’interdire ou d’arrêter toute association ou tout activiste qui aurait des contacts avec l’extérieur du pays.

« 60% de l’économie égyptienne est entre les mains du complexe industriel », assure Michel Tubiana, qui craint que ce monopole ne donne lieu à une corruption massive. D’autant plus que personne ne sait si l’Egypte aura les moyens à terme de régler les contrats colossaux qu’elle a signés avec la France, mais aussi avec la Russie et les Etats-Unis, ces trois pays étant les fournisseurs historiques de l’armée égyptienne. Une influence économique qui rend difficile toute pression diplomatique sur un réseau particulièrement bien implanté au sommet du pouvoir.

Le Caire va jusqu’à poursuivre devant les tribunaux militaires de simples citoyens. Soutenir les Frères musulmans, évincés du pouvoir par le maréchal al-Sissi dans un coup d’Etat sanglant, est passible de loi martiale : depuis octobre 2014, 7400 civils, dont 86 enfants, ont subi de tels procès. Beaucoup des accusés ont dénoncé des tortures, sans émouvoir les officiers de l’armée qui font office de juges. Une approche expéditive rendue possible par le décret numéro 136 d’octobre 2014 qui a tout simplement placé la quasi-totalité des biens publics sous le contrôle de l’armée : énergie, chemins de fer, routes, ponts, télécommunications…

Renoncement diplomatique

L’équipe de François Hollande est bien informée de ces différents dossiers. Mais la diplomatie française reste convaincue que le meilleur moyen d’influer sur la politique du maréchal al-Sissi est la négociation en coulisses. Les ONG sont régulièrement en contact avec l’exécutif, mais aussi avec certains diplomates. Nicolas Krameyer, d’Amnesty, se montre cependant assez sceptique :

“La question des droits de l’homme n’est pas juste une question de valeurs et de principes, mais un gage de stabilité. Pour les victimes de ces chasses à l’homme, qu’est-ce qu’on va en retenir ? Cela contribue-t-il à plus de sécurité ? On peut en douter au vu des attaques terroristes et du climat social.”

Pour la France, l’Egypte est perçue comme un partenaire stratégique dans la sécurité régionale. Les matériels lourds livrés au Caire ne sont d’ailleurs pas ce qui permet aux forces de sécurité de persécuter les activistes. Encore que, comme le relève Amnesty, des véhicules militaires Sherpa de fabrication française ont été utilisé pour renverser des gens dans des manifestations. Et le volume de livraison de munitions et de matériel anti-émeute par la France reste parfaitement opaque.

François Hollande pourra-t-il glisser, entre deux négociations de gros contrats, un mot en faveur de la société civile égyptienne ? Son conseiller diplomatie aurait laissé entendre qu’il n’était pas évident de trouver le juste équilibre entre les intérêts et les valeurs de la France. L’activiste égyptien que nous avons rencontré se laisse aller à espérer que le président n’ait pas oublié l’histoire de son pays : « Nous avons demandé à François Hollande qu’il honore l’héritage des droits de l’homme de la France, pendant sa visite. Qu’il se souvienne de ses racines philosophiques. Qu’il se souvienne que c’est à Paris qu’on a signé la Déclaration universelle des droits de l’homme. »

Romain Mielcarek

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